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18 novembre 2010 4 18 /11 /novembre /2010 22:54

TF1 nous a présenté ce soir l'affaire WILDENSTEIN comme une copie de l'affaire BETTENCOURT. Evidemment l'occasion était trop belle pour égratigner une fois de plus Eric WOERTH.

Pour ceux qui n'auraient pas connaissance de cette affaire, petit rappel : Madame WILDENSTEIN, décédée ce week-end, a soupçonné jusqu'à la fin de sa vie les fils WILDENSTEIN (d'un premier mariage) d'avoir détourné la fortune de leur père en la plaçant dans des paradis fiscaux. Bien entendu les fils WILDENSTEIN sont donateurs UMP et l'un des deux frères a eu l'apanage de se voir décerné la Légion d'honneur.

Mieux : la veuve WILDENSTEIN a envoyé une lettre à Eric WOERTH, alors Ministre du Budget, pour qu'il intervienne car selon elle la fraude fiscale était manifeste compte tenu de la minoration de la déclaration de succession. Celui-ci ne serait pas intervenu, tout comme son successeur d'ailleurs, François BAROIN, lui-même destinataire de la dénonciation quand il est arrivé à Bercy.

Bref la conclusion est évidente, les fils ont fait un don de 7 500 € à l'UMP pour que les ministres du Budget ferment les yeux sur de la fraude fiscale...

 

L'examen de l'affaire sur internet est tout à fait intéressant. On tombe par exemple sur un article de Libération du 05/08/2010 dans lequel on peut lire :

"Eric Woerth ne lui répond pas. L’avocate expédie un nouveau courrier, en septembre 2009. Sans réponse du ministre non plus. La direction générale des impôts, pourtant tenue par l’article 40 de dénoncer tout fait délictueux porté à sa connaissance, ignore aussi ses courriers, près d’une dizaine en tout, mentionnant tous les trusts off-shore. Prompt à répondre aux requêtes de la compagne de César ou à Liliane Bettencourt quand elles sont soutenues par des donateurs de l’UMP, le ministre s’efface curieusement dans l’affaire Wildenstein. Cette fois, la requête vise à déclencher des investigations, d’autant plus délicates qu’elles concernent Guy Wildenstein, membre de l’association des donateurs de l’UMP, Premier Cercle. La prudence s’impose."

 

A trop vouloir dénoncer, à trop vouloir jeter l'honneur d'un homme aux chiens comme dirait l'autre, on finit par se demander où est le sérieux des journalistes. La moindre des choses, lorsque l'on expose des faits, c'est de réflechir un peu à ce que l'on raconte. Sans parler du fond de l'affaire, la présentation des choses demeure surprenante à plusieurs égards.

 

1/ On déduit de cette présentation médiatique que si l'on fait un don à l'UMP alors on bénéficie de largesses fiscales. C'est parfaitement ridicule puisqu'une même personne peut donner tout à la fois à l'UMP comme au PS, sans même parler des dons aux syndicats. Bref cette présentation des choses n'a pas de sens sauf si les journalistes se sont assurés que les personnes concernées n'ont pas fait de dons ailleurs. Et là problème : s'ils devaient le faire, les principes élémentaires des droits de l'homme seraient bafoués et la démocratie serait en danger. La liste des sympathisants d'un mouvement politique ou syndical ne peut pas devenir un livre ouvert pour les journalistes. Pour faire chuter les dons et tuer les formations politiques on peut difficilement faire mieux.

 

2/ S'étonner qu'un Ministre (ou que la Direction Générale des Finances Publiques) ne donne pas signe de vie suite à une dénonciation relève, tout simplement, de la psychiatrie. Depuis quand un Ministre ou un fonctionnaire doit-il rendre compte à un contribuable lambda des investigations fiscales en cours ? Les bras m'en tombent. On a accusé à tort (comme je l'ai démontré) Eric WOERTH d'être intervenu dans le volet fiscal de l'affaire BETTENCOURT, et on voudrait ici que le Ministre intervienne pour déclencher un contrôle fiscal... Où est la cohérence de la ligne éditoriale de Libération ? 

 

3/ Le journaliste de Libération montre une incompétence absolue sur les procédures fiscales. Assimiler une dénonciation (celle de Mme WILDENSTEIN) au droit de pétition offert à tout contribuable (dans l'affaire César) est totalement loufoque. Rappelons ce qu'est le droit de pétition : tout contribuable peut saisir le Président de la République, un Ministre, un parlementaire, un maire, un préfet, etc suite à un contrôle fiscal. Dans ce cas la personne saisie a le devoir, dans un premier temps, de demander un point sur l'affaire aux services fiscaux compétents. Et dans un deuxième temps la personne saisie doit nécessairement répondre au contribuable visé par le contrôle. Il est donc tout à fait normal que Monsieur WOERTH ait répondu dans l'affaire César et n'ait par ailleurs rien dit à Mme WILDENSTEIN.

 

4/ Enfin les journalistes n'ont absolument aucune preuve pour dire qu'aucune investigation fiscale n'a été organisée. On peut d'ailleurs penser que si les dires de la veuve WILDENSTEIN sont vrais, les investigations risquent de prendre du temps compte tenu de la "mondialisation" de ce dossier. On est donc dans des suputations gratuites, sans fondements et nécessairement partiales.

 

 

Bref une affaire de plus où les journalistes n'ont pas fait honneur à leur profession.

 

 

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