J'ai regardé pour vous, hier lundi 1er mars, le débat organisé par Yves Calvi sur les élections régionales. Six personnalités politiques étaient présentes : Jean-Marie Le Pen (F.N.), Marielle de Sarnez (Modem), Marie-Georges Buffet (Front de Gauche), Cécile Duflot (Europe Ecologie), Benoît Hamon (P.S.) et Laurent Wauquiez (majorité /UMP).
Voilà mes impressions :
- Beaucoup s'interrogent sur le fait que la gauche présente des listes séparées... Pourtant cette situation permet d'avoir le même temps de parole que le voisin et d'être ainsi invité dans les débats. "Les gauches" peuvent donc exposer leurs vues et surtout peuvent lier leurs forces pour taper 4 fois plus sur la majorité... Effectivement Laurent Wauquiez faisait face à 4 procureurs, rouge, rose, vert et orange, rendant le débat aussi inégalitaire que ridicule, où Cécile Duflot s'est mêmes octroyé le droit de lancer un "taisez-vous" au membre du gouvernement.
- Jean-Marie Le Pen était fidèle à lui-même, tapant sur tout le monde. Mais fatigué, chantant toujours la même rangaine nationaliste, il s'est pris lui-même les pieds dans le tapis en confessant que sur tel ou tel sujet la région ne pouvait rien... Si cela est vrai les électeurs préféreront l'abstention plutôt que d'aller voter et d'aller voter Front National en particulier.
- Marielle de Sarnez s'est elle-aussi rendue ridicule et là-encore à plusieurs reprises. Tout d'abord elle a redit que le Modem ne ferait pas alliance avec l'UMP car l'UMP faisait une campagne "nationale" et non régionale. En revanche elle n'excluait rien avec la gauche. C'est bien connu la gauche ne fait pas une campagne "nationale". De plus elle félicite Yves Calvi qui "est le seul à avoir organisé un débat sur les élections régionales". Yves Calvi, en très bon journaliste de France Télévision, a tenu à préciser que France 3 avait fait de même avec le sémillant journaliste Samuel Etienne... Marielle de Sarnez aurait pu s'en souvenir, puisqu'elle a participé à ce débat de France 3, aussi nul d'ailleurs que celui d'hier, pourtant avec d'autres intervenants : Pierre Moscovici, Jean-Luc Mélanchon et Rama Yade.
- Marie-Georges Buffet... Que dire ? Elle veut donner une gauche à la droite. Vaste programme... qui n'en fait pas un. A par des critiques contre la majorité, des leçons de gestion publique alors qu'elle souhaite nationaliser les banques... Rien, vraiment rien sur le plan régional. Ce qui correspond finalement assez bien à la situation du second tour où les listes de gauche auront fusionné. Le Front de Gauche aura peu, vraiment peu de places éligibles.
- Cécile Duflot : irrespectueuse, pleine de suffisance ("quand on a fait augmenter le chômage de 850 000 personnes en 18 mois on ne la ramène pas" dit-elle à Laurent Wauquiez) et pleine d'insuffisances (personne ne lui a dit qu'il y avait eu une crise économique majeure et mondiale), elle aussi donne des leçons de gestion sans pour autant expliquer comment elle finance ses idées. Par exemple elle souhaite que les régions fassent des travaux d'isolation dans tous les foyers occupés par les pauvres pour qu'ils paient moins de charges... L'idée n'est pas stupide mais comment les régions vont financer ces travaux ? Et l'offre, est-elle adaptée à ce surcroît de demande ? Il semble que la donneuse de leçons n'ait pas vu que cette mesure allait déséquilibrer le marché et de facto créer de l'inflation, rendant la mesure encore plus chère pour les contribuables et l'écologie plus chère pour le consommateur français.
- Benoî Hamon : le porte-parole du P.S. n'a jamais parlé des régions sauf pour dire que le bilan des sortants socialistes était excellent... J'aurais aimé entendre des exemples précis sur ces réussites et surtout un peu plus de modestie. Effectivement, celui qui représente un parti qui ne fait pas une campagne nationale... d'après Marielle de Sarnez... s'est lui aussi offert des envolées sur les "échecs" du gouvernement, permettant de faire l'impasse sur le bilan des exécutifs régionaux socialistes. On aurait pu penser que ces réussites soient exposées sur la place publique pour que tout le monde en profite... Et bien non. Même pas un mot sur le joli succès du nouvel ensemble immobilier abritant le conseil régional de Rhône-Alpes, budgété à l'origine 90 million d'euros et finalement facturé 200 million. Aucun mot non plus sur le joli succès des emplois "tremplin", promis lors de la campagne des régionales 2004, censés contrecarrer l'"incurie" du gouvernement Raffarin face à la monté du chômage... Et finalement rarement mis en place ! Rien sur le joli sondage paru récemment démontrant que les Français ne connaissent pas les noms des présidents de région, dont les 20 socialistes qui pourtant ont obtenu des résultats exceptionnels...
Après les 35 heures payées 39, les emplois "tremplin", la bravitude, il fallait trouver un nouveau slogan pour faire mouche lors de cette campagne. Cette année le P.S. a choisi le "bouclier social" pour lutter contre les effets de la politique du gouvernement... On se demande pourquoi il a fallu attendre 2010 pour voir les élus socialistes faire dans le social. Faire du social pour lutter contre les effets de la crise économique en 2008 et 2009 aurait été plus cohérent et sans doute plus utile.
- Laurent Wauquiez : le secrétaire d'état à l'emploi a fait ce qu'il a pu... Dans un débat ressemblant plus à un procès, il a toutefois été percutant, mettant les pieds dans le plat face à une gauche divisée qui assume dans 20 régions le même bilan. Mais il n'a peut-être pas utilisé tout son mordant et toute son énergie face au rouleau compresseur de gauche, aidé parfois sans en avoir le besoin par un Yves Calvi malicieux : "vous reprochez à la gauche de ne pas avoir appliqué les emplois "tremplin" mais vous étiez contre ce dispositif"... Certes. Ainsi quand la droite ne tient pas ses promesses c'est un scandale et c'est très grave ; quand la gauche ne tient pas les siennes c'est moins grave car la droite était contre... Nous le saurons pour la prochaine fois !! En tout cas, puisqu'il n'avait pas à critiquer sa propre action, il a utilement utilisé son temps de parole pour exposer le programme de la majorité... Puisque c'était le seul à le faire, il a tout simplement donné tort à Marielle de Sarnez tout en donnant aussi l'impression qu'il ne s'était pas trompé de plateau : il s'agissait bien d'un débat sur les élections régionales, oui !!