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L'identité nationale est donc le sujet d'un débat national dans lequel tout Français est invité à s'exprimer. C'est un sujet difficile et pointu d'autant plus que certains lui collent en plus le qualificatif de sensible.
La légitimité de ce débat est battue en brèche avec des arguments parfois ridicules. J'aimerais donc apporter mon soutien à l'existence de ce débat en répondant point par point à ses détracteurs.

D'abord il y a l'argument tarte à la crème resservi à chaque fois : "ce n'est pas la priorité des Français. Ils ont d'autres choses à penser". Voilà une phrase type de politiques qui va à l'encontre de l'idée même de Politique. Qui dit gestion de la cité suppose que tous les débats soient sur la table. Si l'on pense que l'économie et le traitement social de la crise sont les deux seuls sujets du moment alors prenons la décision de fermer tous les ministères non concernés ! Ce n'est pas parce qu'il y a une crise économique qu'il devrait être interdit de s'interroger sur la prise en charge des personnes âgées dans les maisons de retraite ou sur l'absence d'autorité des enseignants dans les classes (je ne vise pas les enseignants je précise). Si on devait donner raison à cet argument alors on devrait balayer d'un revers de main le débat sur la place de l'histoire dans la filière scientifique. Non, cet argument ne tient pas la route.

Ensuite il y a l'argument politicien : la ficelle électorale. A quelques mois des régionales ce débat arriverait à point pour la majorité... Ah bon. Il suffirait donc de parler de la nation pour que l'U.M.P. gagne les élections. Les électeurs auraient comme un réflexe pavlovien, à l'écoute du mot nation ils voteraient en masse pour l'U.M.P.. Tout cela est parfaitement ridicule et n'a aucune base scientifique... D'autant que, et cela rejoint la réflexion précédente, toutes les années entre 2007 et 2012 sont des années électorales... Autant dire que cet argument est donc pour le moins gênant : pour ne pas "polluer" la démocratie (ici son expression la plus noble à savoir les élections), il faudrait la bâillonner (et censurer des débats). Non, cet argument n'est pas satisfaisant.

Après on trouve la question des dérapages. Ce débat serait mauvais car il permettrait à des personnes de franchir la ligne jaune et de stigmatiser des populations... Tel ce maire d'une commune de 40 habitants, dans la Meuse. Xénophobie, racisme... Tout y passe. J'avoue ne pas bien comprendre. Cela signifie qu'avant ce débat, personne n'avait entendu dans sa vie des propos sur des étrangers qui volent le pain des Français ? Il aurait fallu 2009 pour s'apercevoir que cette idée existe ? Mais rien que pour cela ce débat trouve sa légitimité, sa raison d'être. Je vais m'expliquer autrement. Il est de bon ton de placer le régime de Vichy dans ce débat dans le seul but de le torpiller. D'ailleurs le socialiste Jean-Christophe CAMBADELIS compare niaisement Eric BESSON à Pierre LAVAL... Mais au fait, si le régime de Vichy répugne tant, c'est bien parce qu'il ne correspond pas aux valeurs intrinsèques de la France. C'est bien qu'on ne reconnaît pas la France dans cet épisode honteux. Bref les dérapages que l'on craint ne font que faire ressortir nos valeurs avec force. D'une certaine façon avoir peur des dérapages c'est valider l'idée que nous avons besoin de réaffirmer notre identité nationale. Non, cet argument ne peut pas être utilisé car c'est celui du looser.

 

Enfin le débat tente de s'élever avec l'intervention de sémiologues et autres spécialistes qui expliquent en quoi identité et nation ne peuvent cohabiter dans la même expression. Sans même rentrer dans le détail de ces avis éclairés (on aurait plusieurs identités etc) je note que s'ils disent vrai, il faudrait brûler les drapeaux et autres partitions d'hymnes nationaux. Il faudrait aussi sacrifier la sociologie puisqu'on ne pourrait plus étudier les rapports des membres d'une communauté, faute de savoir comment les identifier. Non, cet argument n'a pas de sens. 

Tous ses arguments donnent l'impression que leurs auteurs cherchent à se défosser. Pourtant dire qui nous sommes est le préalable de tout projet politique, de toute décision politique. Le discours de Dominique de Villepin à l'O.N.U., refusant la guerre contre l'Irak en est je trouve le meilleur exemple. Ce débat est donc non seulement sain, mais il constitue une chance.

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