Il fallait bien occuper certains bureaucrates avec un projet consensuel et dans l'air du temps. L'organisation de la nième édition de la journée du transport public est arrivée à point. Il s'agit de faire la promotion du transport public avec des tarifs particulièrement intéressants. Ainsi la S.N.C.F. a pu vendre des billets de train à 1 € ce mercredi 21 septembre. En plus, cerise sur le gâteau, les arrivants en gare étaient accueillis avec un café et quelques douceurs.
Voilà un projet sympa sur le papier qui est un véritable fiasco à l'arrivée. D'abord comme cette opération ne vise qu'à convaincre les Français de prendre les transports en commun, l'opération de communication ne concerne absolument pas ceux qui les prennent tous les jours pour aller étudier ou travailler. Ceux-là paient donc leur abonnement mensuel ou annuel comme d'habitude sans avoir la moindre prime ou ristourne sur le mois de septembre. Pire. Ils doivent subir le flot des clubs du troisième âge et des autres M.J.C. qui, forts d'un tarif absolument imbattable, ont eu la bonne idée d'organiser une sortie ce jour-là. La S.N.C.F. a donc vendu des billets à 1 € à foison et sans doute qu'aucune restriction n'a été décidée puisqu'un nombre élevé de voyageurs doit traduire logiquement le succès de l'opération. Inutile de tourner autour du pot : le train que j'ai pris était bondé, comme un métro parisien, au mépris des règles élémentaires de sécurité. Le chef de gare a donc réagi en invitant les voyageurs, en majorité debout, à être raisonnables... Des cars ont été appelés en renfort et ont reçu la consigne de suivre le même trajet que le train. Le chef de gare prend alors soin de préciser : soit des voyageurs descendent, soit le train reste à quai.
Après le mépris des règles de sécurité, le mépris des personnes qui partent travailler... Dans cette situation déplorable et inadmissible, des habitués ne voulant arriver avec plusieurs heures de retard à leur poste de travail, sont sortis, non pas pour prendre un car de tourisme mais leur voiture. Pour ces abonnés à la S.N.C.F., la journée du transport public les a conduit à... conduire leur voiture. Pour les autres, un retard d'au moins 20 minutes a été constaté à leur gare d'arrivée, ce qui correspond au temps de la négociation pour faire sortir du train des personnes qui étaient là pour du loisir. A la gare d'arrivée les quais étaient noirs de monde. Pour ma part, l'épreuve de la sortie du train a été difficile et s'assimile parfaitement à celle du slalom géant : un gamin, une mamie, une valise... jusqu'à une dernière porte attendue : un vélo. Visiblement son propriétaire, casqué et en habit de cycliste, ne devait pas avoir pris le train depuis une éternité puisqu'à quelques mètres de la porte du train il avait le fol espoir de pouvoir monter et ce sans s'interroger sur la capacité de ce Bombardier (ou suppositoire pour les intimes).
Bien entendu la farce se poursuit, cette fois-ci le soir, puisque tout ce beau petit monde doit remonter en sens contraire....
Ce fiasco s'explique parfaitement bien en réalité. Le conseil régional fournit les trains sur la base d'études pour connaître la capacité nécessaire et ainsi adapter ses commandes. Comme un train coûte, il y a en temps normal tout juste la capacité suffisante. Organiser une telle opération avec des trains qui sont déjà remplis en temps normal relève de l'incompétence, et plus grave, de l'inconscience.
En ce qui me concerne je sais déjà que pour la prochaine édition de cette farce je ne prendrai pas les transports en commun. D'autres me remplaceront...